Gérer la tension entre croissance et contrôle

– Par Yves Savadogo, Directeur de Hommes et Terre Burkina Faso

Mr. Savadogo: “Ce n’est pas la croissance, mais l’efficacité et la diversification qui sont notre moteur principal. Notre plus grand défi est d’arriver à gérer l’équilibre entre croissance et contrôle. La solution n’est pas de viser la croissance en tant qu’objectif principal, mais plutôt d’apprécier la croissance comme résultat de l’efficacité et de la diversification – nos deux objectifs principaux. Il faut rester humble.”

8000ha

L’efficacité
Au niveau des labours, l’efficacité est tributaire du bon fonctionnement des outils mécaniques. Opérationnaliser nos tracteurs et nos charrues dans des conditions dures et sur des terres dégradées, reste un grand défi. Nous nous focalisons alors sur la « maintenance préventive » : une chaîne logistique fluide, une bonne formation de nos tractoristes, etc. Mais cela nécessite une attention continue.

C’est pourquoi, en consultation avec Nardi et Vallerani Systems, nous sommes devenus distributeur exclusif des charrues Delphino dans la région du Sahel. En Afrique de l’Ouest, nous sommes maintenant la seule entreprise ayant une licence pour utiliser cette charrue.

De cette manière nous pouvons garantir le fonctionnement efficace de la charrue vu que nous restons responsables de l’entretien et des réparations. Cela nous permet d’une part de nous organiser de manière rentable (efficace au niveau des coûts) en ce qui concerne la logistique et notre capacité d’entretien. D’autre part, cela nous permet de donner les rendements nécessaires à nos charrues. De plus, le fait d’être distributeur exclusif et de posséder donc un nombre important de charrues, nous met également dans une position de pouvoir en- tamer des négociations avec les fabricants de la charrue en vue d’optimalisations potentielles. De cette manière, nous la rendons encore plus performante et efficace.

La diversification
Quand la terre en question est complètement morte et que plus rien n’y pousse, il faut aller plus loin que la rayure surfacique et le Water Harvesting (récolte d’eau). Il faut alors rajouter des étapes supplémentaires : rajouter de la biomasse, semer de l’herbe. Afin d’utiliser la meilleure approche de restauration pour chaque type de sol, nous travaillons en étroite collaboration avec nos ingénieurs agronomes.

De plus, la création des demi-lunes n’est pas toujours la technique la plus appropriée. Il y a donc un danger de se concentrer trop sur cette technique comme seule approche de récolte d’eau. Quand c’est nécessaire, nous avons recours à plusieurs autres techniques comme les terrassements, baissières, cordons pierreux, et la restauration naturelle de la végétation protégée par des haies vives.

6297 Tonnes de semences et de fumure

HT paie pour :

  • Les semences
  • La fumure
  • Le labour

Mr. Savadogo: “Dès le début, les nouvelles forêts doivent être considérées comme étant une réalité économique. Le village contribue pour un tiers dans les semences et les fumures, HT contribue pour deux tiers. Cela fait de nous une des seules entreprises dans le Sahel avec une collaboration économique/financière.”

La mortalité des arbres
Tous nos arbres ne survivent pas à la première année. C’est pourquoi nous procédons à des corrections annuelles. Nous semons alors des nouvelles graines où nécessaire. L’objectif est d’avoir 750 arbres par site après 3 ans. Au cours des premières années, les arbres s’enracinent surtout sous la terre, à la recherche d’eau. La racine devient alors tellement résistante et forte que même si après trois ans l’arbre devient la proie d’un parasite ou d’un mouton affamé, elle réussit à repousser. Les arbres qui sont toujours là après 3 ans, n’auront normalement plus de problèmes pour survivre.

Les coûts

Mr. Savadogo: “Nous devenons de plus en plus efficaces, ça c’est sûr. Vu qu’on grandit de manière continue, nous arrivons à diminuer nos coûts par hectare ou par arbre. Pendant les dernières années où on a évolué de 2000 ha par an à 8000 ha par an, nos coûts par hectare ont diminué d’au moins un tiers. La seule manière de faire diminuer ce chiffre encore plus, c’est d’innover. En ce qui concerne l’innovation, on regarde surtout nos matériaux techniques. Les pannes et l’entretien nous coûtent des fortunes et cela doit s’améliorer. Nous travaillons beaucoup pour d’autres organisations comme FAO, ATAD, etc. parce que nous sommes un partenaire très fiable. Il est essentiel pour nous que tous nos accords soient basés sur nos prestations, et que nous arrivons à offrir des bonnes conditions et des bons résultats.”